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ENQUÊTE SÉCURITÉ ROUTIÈRE : GRANDS DÉPARTS EN VACANCES D’ÉTÉ
En 2023, 69% des Français utilisent leur smartphone au volant 
6ème baromètre Fondation MAIF et Ergocentre sur les usages du smartphone au volant*
La première vague de départs sur les routes pour les vacances scolaires de l’été approche et avec ces déplacements de masse, un risque augmenté de mauvais comportements au volant. Parmi eux, l’usage du smartphone au volant, que ce soit pour téléphoner, envoyer des messages ou encore pianoter sur son GPS en conduisant. Selon le dernier baromètre « Usages du smartphone au volant », publié chaque année par la Fondation MAIF et Ergocentre, 69% des conducteurs français déclarent utiliser leur smartphone au volant en 2023, dont une majorité en roulant. Un taux en constante augmentation, d’année en année, malgré les campagnes de sensibilisation et les mesures gouvernementales. Le baromètre met également en avant les risques associés identifiés par les conducteurs, qui ne diminuent pas pour autant leur utilisation, et les solutions plutôt étonnantes qu’ils proposent. Pour la première fois, le baromètre intègre d’autres usagers que les automobilistes comme les 2RM (2 roues motorisés) et les conducteurs d’engins de déplacement personnel (vélo, trottinette…), qui utilisent tout aussi fréquemment leur smartphone en se déplaçant, ce qui engendre, de la même façon, distraction, erreur et comportement à risque sur la route. 
*Étude réalisée au printemps 2023 par Ergocentre grâce au financement de la Fondation MAIF sur un échantillon représentatif de la population française de 2486 personnes âgées entre 18 et 80 ans.
 

Quelles solutions ? Des réponses des conducteurs ambigües voire paradoxales
Consulter ou manipuler son smartphone au volant est un acte particulièrement dangereux et constitue une infraction au code de la route (amende forfaitaire de 135 € et un retrait de 3 points du permis de conduire). Cependant, malgré les sanctions et les campagnes de prévention, les mauvaises habitudes perdurent… Selon le baromètre des usages du smartphone au volant réalisé par la Fondation MAIF et Ergocentre, parmi les conducteurs de véhicules 4 roues motorisés interrogés, 69% déclarent utiliser le smartphone au volant en 2023. 

Les utilisateurs du smartphone au volant affirment être conscients de la dangerosité de leurs actes et des conséquences : erreur, distraction… ! Dans la liste des solutions proposées aux répondants, celles qui sont le plus sélectionnées sont de l’ordre de la sensibilisation (campagnes et stages) et de la prévention (système de détection automatique de la conduite et activation du mode avion). Mais les taux d’adhésion vont de modéré (29% des répondants) à faible (10% des répondants).

Concernant les solutions proposées par les répondants eux-mêmes, les conducteurs qui utilisent le smartphone au volant proposent à 80% l’usage du kit mains-libres, bluetooth ou commandes vocales et 85% opteraient pour un système qui permette une utilisation partielle du téléphone (ex. usage uniquement du GPS). Ils sont également favorables (60% d’entre eux) à une augmentation des contrôles réguliers de la police/gendarmerie, 68% pour qu’il y ait des contrôles radars plus fréquents et 58% pour des peines/amendes plus sévèresAvec une précision importante : cette sévérité accrue devrait s’appliquer uniquement lorsque le téléphone est tenu à la main. Une réponse plutôt paradoxale car ces conducteurs, optant pour plus de punitif, sont ceux-là mêmes qui se mettent en infraction ! On peut donc s’interroger sur leur rapport au smartphone et aux conséquences de sa manipulation en conduisant (distraction, erreur, accident…). Considèrent-ils que leurs propres usages sont sécurisés et qu’il faut sanctionner les usages des autres conducteurs ? Demandent-ils des sanctions accrues comme seul moyen de faire changer leurs comportements ?

« Les utilisations du smartphone semblent tellement ancrées que même la connaissance des risques importants qu’ils génèrent pendant la conduite, n’est pas de nature à freiner la progression de ses usages. Etonnamment, les utilisateurs fréquents indiquent que les campagnes de sensibilisations auront peu d’influence puisqu’ils connaissent déjà les dangers et que ce sont les interdictions, et surtout leurs applications qui pourront modifier leurs comportements. » souligne Marc Rigolot, Directeur Général de la Fondation MAIF. 

GPS, musique et conversation : les 3 usages les plus fréquents du smartphone au volant

Dans le détail, ces conducteurs qui utilisent leur smartphone au volant sont surtout ceux qui réalisent le plus de kilomètres et qui passent le plus de temps en voiture. 56% des usagers du smartphone au volant sont des professionnels de la route, comme constaté en 2019. Les moins de 44 ans utilisent davantage le smartphone au volant que les plus de 45 ans mais on note une augmentation pour les 45-65 ans (+ 6 points). 173 conducteurs de plus de 65 ans déclarent utiliser le smartphone au volant, ce qui est doublement dangereux et, même si ce chiffre paraît faible, une attention particulière doit y être portée car celui-ci est susceptible de s’accroître avec le vieillissement de la population. 

Trois usages majeurs ressortent de cette enquête et mettent en avant l’attitude des usagers vis-à-vis du smartphone et des technologies annexes qu’il propose. Les utilisations sont principalement « utiliser le GPS » (59%), « écouter de la musique » (21%) et « avoir une conversation téléphonique/participer à des réunions » (20%). On retrouve ce trio de tête en réponse à la question sur les utilisations qui maintiennent en éveil/alerte lors de la conduite : 39% pour « utilisation du GPS », 31% pour « écouter de la musique », 15% pour « avoir une conversation ». On pourrait donc dire que le smartphone a un effet délétère car il capte une partie de l’attention du conducteur et aussi un effet bénéfique car il permet de rester en éveil. 

GPS : les conducteurs délaissent l’usage du GPS nomade ou intégré au véhicule (28%) et privilégient le smartphone pour cette fonctionnalité (69%). Les répondants déclarant utiliser le GPS avec le smartphone (59%) le font pour écouter et regarder le GPS (23%) ou regarder uniquement son GPS (15%). Ils sont aussi 9% à signaler un événement ; ces conducteurs prennent plus de risques car ils le font en manipulant directement le smartphone et lorsque le véhicule est en mouvement. 

Musique : 21% des conducteurs gèrent la musique avec leur smartphone et ce davantage via le kit mains-libres (tableau de bord ou nomade) ; ces personnes déclarent faiblement interagir avec les boutons de contrôle de la musique. Elles se répartissent à parts égales pour une utilisation à l’arrêt ou avec le véhicule en mouvement. 

Conversation : 18% de l’ensemble des conducteurs déclarent avoir des conversations téléphoniques et 2% déclarent aussi participer à des réunions professionnelles. Ces usages sont principalement réalisés à l’aide d’un kit main-libre. Les conversations téléphoniques sont, quant à elles, réalisées plutôt avec le véhicule en mouvement tandis que la participation à des réunions professionnelles se fait à parts égales.

70% des 2RM et 75% des EDP utilisent leur smartphone lors de la conduite

Les usagers de 2RM (2 roues motorisés) et EDP (engins de déplacement personnel) ne font pas exception quant à l’usage du smartphone : 85% de trottinettes traditionnelles/électriques, 75% des scooters, 69% des vélos/VAE et 65% des motocyclettes. Sans surprise, les trois usages les plus fréquents sont identiques à ceux des automobilistes. L’activité la plus réalisée, qu’importe le type d’engin est l’utilisation du GPS (69% trottinettes, 55% scooters, 54% vélos, 51% motocyclettes), la deuxième activité est elle aussi commune à l’ensemble des engins : l’écoute de la musique (38% trottinettes, 27% vélos, 24% scooters, 18% motocyclettes). En revanche, pour la troisième activité on retrouve la conversation téléphonique (8% motocyclettes, 17% vélos) et consulter les notifications pour les trottinettes électriques (26%). Les usagers de scooters quant-à-eux utilisent davantage les messages et des emails lors de la conduite (19%), probablement en lien avec une activité professionnelle (ex : livreur). À noter que les profils les plus représentés dans ces activités sont les hommes réalisant des trajets professionnels.

« A l’instar des conducteurs automobiles, certaines fonctionnalités du smarphone peuvent répondre à un besoin pour les usagers des 2RM et d’EDP. C’est le cas de la fonction GPS qui aide à la navigation. Mais ce qui est important, ce sont les usages qui en sont faits ! L’ajustement du niveau sonore ou la réactualisation de l’itinéraire en conduisant est une source de perturbation forte de l’attention. Or, pour ces usagers vulnérables, la question est critique dans la mesure où le niveau d’attention requis pour gérer une trajectoire, maintenir son équilibre et percevoir son environnement est plus élevé qu’en voiture ! » conclut Samuel Aupetit, Chercheur chez Ergocentre. 
Des conducteurs conscients des risques mais qui ne diminuent pas pour autant leurs usages
Beaucoup d’autres usages sont activés dans les véhicules, comme les mails, les messages, les réseaux sociaux, les vidéos, Internet et même les jeux. Toutes ces autres activités sont qualifiées de « à risque » par les répondants, en particulier pour les mails, les vidéos et les photos.  Elles sont souvent associées à des erreurs de conduite, vécues ou potentielles, voire des situations de presque-accident. Même si les effets négatifs de ces pratiques semblent être connus par la majorité des répondants, les résultats indiquent qu’ils ne changent pas pour autant de manière durable leur comportement, et ce, même après avoir vécu une expérience de danger. Ces usages restent largement minoritaires (entre 2% et 11% unitairement), mais l’ensemble représente 25% de la totalité des usages du smartphone par les conducteurs. Pour les conducteurs qui utilisent ces fonctionnalités, ils le font de manière régulière. En termes de profil, ce sont plutôt des hommes, entre 25 et 34 ans, effectuant des trajets professionnels.
 
Infographie et restitution de l’étude disponibles sur les liens suivants :
>> 6e Baromètre smartphone au volant (fondation-maif.fr)
>> InfographieSmartphoneauvolant2023valide.pdf (fondation-maif.fr)
 
 
Pour télécharger le communiqué de presse
 

À propos de la Fondation MAIF

La Fondation MAIF est une FRUP (Fondation Reconnue d’Utilité Publique). Organisme à but non lucratif, elle a pour mission d’étudier les comportements humains et le monde qui nous entoure afin de prévenir au mieux les risques qui affectent les personnes et les biens au quotidien. Elle est engagée sur quatre thématiques majeures : les risques liés à la mobilité, les risques de la vie quotidienne, les risques numériques et les risques naturels. Convaincue qu’il vaut mieux prévenir que guérir, la Fondation MAIF développe des outils de prévention et de formation et mène des actions concrètes de sensibilisation en direction du grand public et des institutions. L’efficacité de ces outils repose sur l’analyse scientifique des risques et leur mécanisme de survenance. L’origine humaine, technique ou naturelle des accidents est ainsi mieux appréhendée et les moyens de les prévenir oud’en diminuer les risques mieux identifiés.
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À propos de Ergocentre
Ergocentre est un cabinet d’études en facteurs humains dédié au secteur de la mobilité et des transports. L’équipe est composée de docteurs et d’ingénieurs en sciences humaines (ergonomie et psychologie) et de designers. Afin de mettre au service de ses clients des outils méthodologiques de haut niveau, Ergocentre s’investit dans des projets de recherche scientifique.
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